Voici comment poser vos limites au travail
Vous ramenez systématiquement votre stress professionnel à la maison ou vous restez toujours coincé au bureau ? Luc Swinnen, docteur du stress, explique comment déterminer vos limites et vous aide à les partager avec vos collègues pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée !
En tant que docteur, Luc Swinnen s’investit depuis trente ans dans la recherche sur le stress. Son nom figure dans de nombreux magazines nationaux et internationaux et il a collaboré entre autres aux bestsellers Activeer je nervus vagus et Versterk je nervus vagus (ou Activez votre nerf vague et Renforcez votre nerf vague, ndt.)
Dans cet article
- Le chemin vers le burn out
- Votre corps vous dit tout
- Jeux de pouvoir et distance professionnelle
- Dire "oui" par culpabilité
- 7 étapes pour communiquer vos limites avec assurance
Les vacances sont finies, il est temps à présent de retrouver le juste équilibre entre performances professionnelles et détente à la maison. Une situation propice au stress. La solution d’après Luc Swinnen, docteur du stress ? Faire part de ses limites au travail : « Cela booste votre productivité, vos relations au travail et votre vie privée. »
Pourquoi est-il important d’indiquer vos limites au travail ?
« Établir des limites et les faire respecter permet de créer un sentiment de sécurité et vous apporte du calme. Tout le monde sait ce que vous devez et voulez faire, ce qui vous permet de mieux vous concentrer sur les tâches essentielles de votre travail.
« Vous profiterez également de certains bénéfices dans votre vie privée. Établir des limites vous procurera une plus grande estime de soi et vous permettra de dégager plus de temps pour vous, votre famille et vos amis. Car pour eux aussi il est important que vous rentriez à l’heure sans être complètement débordé. »
Quel est le lien entre dépasser ses limites et le burn out ?
« Lorsque vous dépassez vos limites, votre nerf vague (le nerf qui traverse tout votre corps et entre en contact avec tous les organes, ndlr.) est surstimulé. Le burn out est un syndrome d’épuisement qui survient à la suite d’une stimulation excessive prolongée. Au plus longtemps vous dépassez vos limites, au plus vous vous rapprochez du burn out. »
Comment savoir où se situent nos limites ?
« D’un point de vue professionnel, cela peut être très simple : vos limites sont définies dans votre description de fonction. Toutefois, certaines personnes adorent leur travail, ce qui les pousse à en faire plus. Certains patrons attendent également de leurs employés qu’ils surpassent leurs attentes. Dans ces cas il est important d’écouter les signaux émis par son corps. »
De quels signaux s’agit-il ?
« Votre corps vous envoie quatre sortes de signaux : physiques, émotionnels, mentaux et ceux liés au comportement. Les signaux physiques se traduisent entre autres par des maux de tête, une nuque et des épaules crispés, des palpitations ou de la fatigue. Les personnes surstimulées arrivent également souvent en retard et ont tendance à reporter les choses.
« D’un point de vue émotionnel, ces personnes se sentent à la fois frustrées, coupables et angoissées. Faites le test : comment vous sentez-vous au travail lorsque vous avez un moment de libre ? Vous vous sentez mal ou êtes stressé ? Dans ce cas, il y a quelque chose qui coince. Un dernier indicateur crucial est le bien-être mental. Vous avez des trous de mémoire ? Vous avez peur d’être considéré comme fainéant ou peu motivé lorsque vous refusez du travail supplémentaire ? Dans ce cas, il est fort probable que vous dépassez vos limites. »
Il n’est pas facile d’être transparent sur ses limites, mais dans un contexte professionnel cela peut paraitre encore plus complexe. Pourquoi ?
« Dans une relation, qu’elle soit romantique, amicale ou familiale, il est plus facile de parler de ses sentiments. Avec son employeur ou ses collègues, la relation est plus rationnelle ce qui peut compliquer le fait de parler de ses sentiments ou même le rendre inapproprié. De plus, les relations de pouvoir sont différentes avec son patron. Il est tout à fait normal d’être plus réservé lors de ce genre de discussions. De nombreuses personnes ont peur de ne pas paraitre professionnel ou craignent qu’imposer des limites puisse nuire à leur carrière. »
Pourquoi dépassons-nous nos limites dans le cadre professionnel ?
« Par sentiment de culpabilité. Combien de fois vous arrive-t-il que quelqu'un vous demande de reprendre une tâche car "sinon elle n’y arrivera pas" ? Il s’agit en fait d’une sorte de manipulation, d’un détour pour dire "C’est ta faute si je n’y arrive pas." Alors que le travail de vos collègues n’entre pas dans vos attributions.
« Vous avez le temps et l’énergie pour accepter une tâche supplémentaire ? Parfait ! Mais si ce n’est pas le cas, vous ne devez pas avoir peur de le dire clairement. Les personnes qui imposent le mieux leurs limites sont celles qui vont le plus loin. Celles qui disent "oui" à tout ne solutionnent que les problèmes des autres. »
Que faut-il savoir si l’on a peur de s’affirmer ?
« Les employeurs sont tellement investis dans leur entreprise qu’ils ou elles ont tendance à oublier de tenir compte des sentiments et des limites de leurs employés. C’est donc à eux d’être honnête sur leurs ressentis par rapport au travail et leurs attentes.
« Mais le plus important ? Il faut se sentir en sécurité au travail. Les meilleurs lieux de travail sont ceux où l’on se sent libre et où l’on peut librement partager ses opinions. Si ce n’est pas le cas, cela signifie qu’il y a un problème au niveau de l’organisation et qu’il est peut-être temps d’en parler avec son supérieur. »
Voici comment communiquer vos limites au travail
- Défendez votre point de vue avec assurance et fermeté. Vous gagnerez en force en étant poli(e) et posé(e).
- Ne vous excusez pas. Il n’y a rien de mal à poser clairement une limite de manière polie.
- Parlez de votre expérience sans pointer du doigt les erreurs d’autrui. Par exemple : « Je ne me sens pas bien lorsque je dois prester des heures supplémentaires chaque soir. »
- Mettez l’accent sur votre charge de travail tout en laissant le choix, par exemple. « Si j’accepte cette tâche supplémentaire, je devrai en postposer une autre. Qu’est-ce qui est prioritaire ? »
- Faites savoir lorsqu’une tâche ne tombe pas sous votre responsabilité. « Je comprends qu’il est pour toi difficile de terminer cette mission, mais j’ai également des tâches à accomplir. »
- Précisez que vos limites peuvent parfois changer. « En ce moment je ne peux pas accepter de travail supplémentaire, mais dès que j’ai à nouveau du temps je t’aiderai volontiers. »
- Nerveuse ou nerveux ? La méthode de respiration 4-7-8 vous aidera à vous apaiser. Inspirez en comptant jusqu’à quatre et retenez votre souffle durant sept temps. Expirez ensuite en comptant jusqu’à huit.